le conte d'un chat muet

(repris dans "enfant écoute")

Un soir venant,
plié au contour de son osier-panier,
de gros yeux tout ronds,
s'oublie à songer
Le gros chat
au lever du jour,
loge dans la pièce à gamelle
comme toujours sans un mot ;
Le chat blanc
tourne et retourne son dos
pour se pavaner au "flageller" de câlins
chauds :
Position d'un soldat sur deux pieds
patiente, pour exprimer, sans mot,
près de son plat, le "gargouiller" du petit déjeuner,
Posture, ineffable tabeau.
Le gros chat blanc
se course au grand air
par l'ouverture de la fenêtre
sur la rue du Castelnau
dans ce patelin bien clos.
Tiepolo peint non un chat
mais une candeur par sa couleur ;
Le chat à l'oreille cassée
seul, même un rat qui l'eut
nargué devant son nez, ne put
l'exciter à se venger (une gouaille?!....)
Alors, nonchalant, s'en retourne
à son silence déjà omniprésent
Et promène son instinct au secret des gens ;
Le chat à l'oreille droite cassée
Quand en dehors se décide à clôturer sa tournée,
d'une patte, sur le carreau, s'entend le gratter,
Un langage sans mot
pour prévenir que c'est le gros...
Aussi rapide qu'une souris,
Paranoïa, il file d'un air de Roi,
à l'assaut de l'écuelle qui le nourrit
Et ne perçoit rien d'autre que lui,
avec sa peur de surprendre ce rival
Le rat en train de soustraire les croquettes
de manière subtile ;
Le désordre amuse Tiepolo..
un jeu, une muse du porte-nom "odeur"
ça l'amuse, les senteurs,
car en recherche du nouveau
le silence reprend place
Et reparle sans un mot
d'un conte de chat muet.